25 octobre 2005
Le film du film, la vraie vie derrière le décor...
Le "making off" ou "reportage sur le tournage" est un exercice imposé par les besoins de la promotion d'un film. Il se limite donc en général à quelques anecdotes plus ou moins intéressantes,des bribes d'interviews plus ou mois spontanées, des images plus ou moins volées des comédiens, en pleine concentration ou plein en délire, du réalisteur en pleine concentration ou en plein délire, etc...Il s'agit de montrer que c'était parfois difficile mais que l'ambiance était bonne et que tout le monde a été extraordinaire , au sommet de son talent, et que donc il faut aller voir le film.
Je ne sais pas ce que donne "Il était une fois dans l'Oued" au final mais le making off est extraordinaire...
Le réalisateur,Djamel Bensalah, et son équipe, travaillent en Algerie et au Maroc avec des équipes locales ...et sont confrontés jour après jour à des difficultés phénoménales liées à des différences culturelles que personne n'a su anticiper.
Tout, depuis une perception différente sur la notion de ponctualité jusqu'au respect de la religion, crée des difficultés et rend le tournage épico-tragico-comique.
Il faut du temps à l'équipe débarquée de Paris pour comprendre que malgré les traducteurs et intermédiaires, elle n'obtiendra rien des responsables locaux sans une négociation perpetuelle de tout et de l'argent en plus...Mais surtout, personne n'a anticipé les pauses nécessaires pour la prière et encore moins les impératifs de la période du Ramadan...
Le groupe électrogène n'est pas en place à l'heure, il faut payer près de cent repas au lieu des 49 vraiment pris, le plan de tournage doit être revu en fonction des heures de lever et coucher du soleil, les figurants ne sont pas là quand nécessaire ou trop nombreux car personne n'arrive à bloquer la circulation. Le tournage s'effectue en son direct et personne n'arrive à obtenir le silence, ou alors pas plus d' une minute, ce qui est court pour un dialogue...Pour l'intendance tout le monde est chef et a un avis sur tout, et au final personne n'est responsable et n'agit vraiment... "Vous n'êtes pas chez vous ici" dit un homme agacé par le périmètre du tournage, "Vous faites de l'argent et vous partez, alors laissez -nous tranquille"dit la femme qui refuse d'éloigner son chien furieux ...Des rancoeurs font surface de façon inattendue... Les nerfs sont mis à rude épreuve et il faut continuer de faire face à des contre-temps plus "classiques" comme l'interruption d'une scène tournée sur un ferry pour cause de tangage intense...Tout va de travers et la tension monte... Bensalah semble désespéré, toute l'équipe est épuisée.
Le tournage de la scène de fête commence dans les hurlements et les injures...Mais, la musique et les paillettes aidant, elle se termine presque en vraie fête pour les figurants et les machinos.
Et, au dernier plan, alors que tout le monde est épuisé,qu'il fait nuit noire et qu'il faut terminer, lorsque le chant du muezzin s'élève, personne ne proteste, tout le monde attend et écoute, recueilli, la voix qui s'élève vers le ciel.
Sur les visages livides mais heureux de l'équipe qui rentre en France - et où les tournages peuvent être aussi très galère, que ce soit clair- un texte explique que le film est une comédie...
J'espère qu'il est aussi réussi que le making off, cette illustration très réaliste de certaines difficultés à se comprendre des deux côtés de la Méditerranée et aux progrès à accomplir en ce domaine.
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