Il y a un peu plus d'un an, on faisait la cueillette des olives tous ensemble.
Il y a 6 mois, on chantait à tue-tête Polnareff, qu'il avait vu en concert la veille.
Il y a deux mois, il m'expliquait comment prendre soin de mon cadeau, une jolie plante, lors du "dîner de rentrée" devenu l'occasion-surprise de fêter mon anniversaire en même temps que celui de son fils.
Et soudain, elle le quitte, révélant à demi-mots l'alcoolique, le jaloux, le violent, derrière le bon-vivant, le charmeur, l'expansif. Même sous le choc, on sait qu'elle a raison, qu'elle ne peut plus rien faire, qu'il est allé trop loin. Comme elle, on espère que le temps apaisera une folie que l'on veut passagère même s'il semble s'y complaire, furieux et fier.
On se dit qu'on fera signe, lorsqu'il ira mieux. On le croisera peut-être dans le quartier, dans la journée, puisqu'il est tout nouveau retraité.
On lui dira des mots d'apaisement et on l'encouragera à tout faire pour regagner la confiance de son jeune fils.
On lui dira qu'il n'est pas trop tard.
Mais il est trop tard.
Hier soir, il est allé sur son balcon au dixième étage, et il s'est jeté dans le vide.