La Nature vous le rendra.

Un petite histoire, à l'occasion de "la semaine du développement durable" qui vient de se terminer.
- Je trie ...un peu.
Je jette les bouteilles en plastique d'un côté et tout le reste mélangé de l'autre...alors qu'il y a trois sortes de poubelles au sous-sol de l'immeuble, je sais.
- J'économise l'eau ...un peu.
Je ferme le robinet d'eau quand je me brosse les dents. Mais, si je ne suis pas pressée, je n'arrive pas à renoncer à la baignoire remplie à ras-bord au profit de la douche rapide...
- Je ne mange pas de pommes venues d'argentine ou du chili...
Je n'ai rien contre l'amérique du sud mais franchement transporter à grands frais de Kérosen des pommes qu'on peut trouver plus près, c'est pas bien raisonnable...Mais bon, en hiver, je ne peux m'empêcher de craquer sur des mangues du bout du monde...
- Et enfin, je ne prends plus ma voiture pour faire les courses dans le quartier...
Sauf quand je fais une matinée multi-courses (fruits/légumes, boulangerie,boucherie,pharmacie,teinturerie, veto ( les croquettes du chat "fragile"), Monop,Picard, journaux).
Là, je l'avoue, ça ne me dit rien de traîner dans tout le quartier ma charette, qui finit toujours par être surchargée et moi avec, transformant le retour à la maison en long chemin d'agonie. (Oui, parfaitement, j'ai, depuis 5 ou 6 ans , une petite charette de celles dont je disais il n'y a pas si longtemps,que, vraiment, c'est trop ringard de se promener avec ça...). Donc, pour les expéditions "grandes courses"à Bécon-les-Bruyères, je gare ma voiture à l'épicentre du terrain des opérations et fait moultes allées et venues entre les commerçants et la Twingo-charette.

... Il y a quelques semaines, je terminais mes achats, et remplissait la Twingo-charette de son dernier chargement, quand je m'aperçus que je devais encore rendre des DVD au video-club.
Un peu fatiguée par le marathon des courses, j'hésitais un instant à prendre la voiture pour faire 200 mètres,me garer vite fait en warning pour jeter les deux DVD sur le comptoir du video club et repartir direct à la maison.
N'écoutant que mon engament - discret et limité mais qui ne demande qu'à se développer- mon engagement, donc, à polluer moins, à protéger la planète et préserver la nature, je m'élance à pieds pour mon dernier trajet charette-commerçant et retour.
Je marchais d'un pas rapide, assuré, nez au vent, fière de moi ...quand, à 2 pas du video club, tombé du ciel , un SPLOTCH s'abat sur ma tête.
Mes lèvres esquissent un sourire en même temps qu'un " quest-ce qu..??" et mon cerveau me dit "crétin/arrosage, balcon/pas de bol"...
Un quart de seconde plus tard, une odeur IMMONDE envahit mes narines, mes doigts touchent sur ma joue une texture inconnue, mes yeux voient sur le verre de mes lunettes des traces vert/marron et mon cerveau - qui a déjà compris- ordonne : LE CRIIIIIIIIII !
Je pousse donc un cri de surprise, de dégoût et de protestation contre cette injustice... Le PIGEON qui a fait CETTE CHOSE est atteint de la grippe aviaire C'EST CERTAIN ! J'en ai partout : cheveux, épaules, bras droit, front , joue...Je suis paralysée d'HORREUR.
Comme dans les films où l'on voit le gangster fauché d'une raffale de mitraillette et qui continue de marcher par réflexe, je fais encore deux pas vers le video -club...et suis stoppée net par un haut-le-coeur.
Je n'ai jamais rien senti de plus horrible et échangerais volontiers un séjour en caisson d'isolation avec 20 boules puantes plutôt que de subir ça...Mais personne ne propose un échange.
J'entrevois un ou deux passants, personne ne rigole, ce qui me panique, comme un blessé qui lit l'étendue des dégâts dans les yeux d'un témoin muet d'effroi...Je fais demi-tour, je n'ai plus qu'une idée : rentrer, prendre une douche avec un désinfectant,brûler mes vêtements, puis reprendre une douche et un bain parfumé... Le trajet vers la twingo me semble durer des heures, je lutte contre la nausée, la main gauche crispée sur les DVD -intacts, les épaules rentrées, la tête bien droite pour éviter que ça ne coule sur mon front...
Je regrettais amèrement ma décision de l'avoir laissé si loin, ma maison mobile, ma carapace à moteur, mon nid roulant...
Et je me disais que, non, vraiment, sur ce coup-là, la nature ne m'avait pas dit merci...

Bon, j'en suis remise aujourd'hui. Je ne songe plus à assouvir de vengeance en pulvérisant les pigeons qui passent devant ma voiture. Et j'essaye toujours (c'est difficile), en modifiant petit à petit mes mauvaises habitudes de moins abîmer la planète de Petite Miss et ses descendants.
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